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Les Éditions Philman - Librairie et Bibliothèque de livres et revues spirites

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Des livres et des anecdotes : Christianisme et Spiritisme

Des anecdotes

christianisme et spiritisme

christianisme et spiritisme

Nous sommes en 1898, Félix Faure est au pouvoir depuis quatre ans. Durant son septennat, il contribuera au renforcement de l’alliance franco-russe face à la coalition Autriche, Hongrie, Allemagne et Italie. La boîte à vitesse est inventée par un certain Louis Renault et l’on découvre un jeune compositeur de 23 ans, Maurice Ravel. Plus tard, il sera considéré comme le plus grand compositeur français.

Le spiritisme en France

Après une décennie de désorganisation, la famille spirite se rassemble et de nouveaux groupes se créent. Sous l’impulsion de nouveaux leaders comme Léon Denis, Gabriel Delanne, Laurent de Faget, on organise des conférences, des colloques et des rencontres. De nouvelles brochures de diffusion voient le jour, le spiritisme renaît.

Léon Denis

Il est un autodidacte et en cette année de 1898, il a 52 ans. Il est toujours représentant de commerce et a un groupe spirite rue du rempart à Tours. Les médiums étaient au nombre de cinq, dont trois à incorporation ; les autres étant en plus, voyants, auditifs et écrivains. Il a la direction du groupe, mais il partage leurs travaux que de loin en loin car ses continuels voyages ne lui laissent que peu de répit. Les deux principaux inspirateurs du groupe sont l’Esprit Jérôme et l’Esprit bleu.
Cependant lorsque Léon Denis a besoin d’être fixé sur un point de doctrine, lorsqu’il désire avoir un conseil au sujet d’une action à entreprendre, il s’en ouvre à ses amis invisibles et la réponse vient toujours nette et satisfaisante. Ainsi s’ouvre une collaboration du plus captivant intérêt entre l’écrivain spirite et ses guides qui lui donnent, des passages de discours, des exordes de conférences, des articles de littérature, des controverses d’ordre philosophique, voire des lettres importantes concernant la doctrine. Léon Denis a donc mille et une raisons de croire en ses guides et la confiance qu’il a en eux, non seulement ne devait jamais se démentir, mais plutôt se fortifier avec les années et devenir entière et absolue.

Son ouvrage

Par la force des choses, Léon Denis est amené à traiter de ce sujet. Allan Kardec lui avait en partie frayé le chemin, mais le disciple entrevoyait dans ce domaine des développements nouveaux. Le christianisme et le spiritisme ! Et si le Christ est la Voix même de l’humanité en communication avec le Divin ? Comment le spiritisme peut-il se désintéresser de ses enseignements sublimes ? Le Christ n’est-il pas le Médium par excellence, le Médiateur suprême ? Comment aborder le christianisme sans toucher aux dogmes des Eglises ? Voilà une chose impossible.
L’ouvrage comprend quatre parties. Il y a les vicissitudes de l’Evangile, la doctrine secrète du Christianisme, les relations avec les Esprits des morts et la nouvelle révélation. Tels sont les points que l’auteur se propose d’élucider en toute bonne foi dans ce livre. Il adopte une attitude nette et ferme dans ses propos et ne cède rien dans son désir d’éclairer le problème obscur des origines de la religion mère. Son étude impartiale jette un peu de lumière dans cette question d’un intérêt capital.
D’ailleurs, dans la préface, l’auteur précise : « Nous savons tout ce que la doctrine du Christ contient de sublime ; nous savons qu’elle est par excellence une doctrine d’amour, une religion de pitié, de miséricorde, de fraternité parmi les hommes. Mais est-ce bien cette doctrine qu’enseigne l’Église romaine ? La parole du Nazaréen nous a-t-elle été transmise pure et sans mélange, et l’interprétation que l’Église nous donne est-elle exempte de tout élément étranger et parasite ? »

Ses ennemis

La publication d’un tel ouvrage ouvre le débat et les attaques ne tardent pas à venir. Les protestants brandissent la Bible et les catholiques pointent leurs « canons ». Le Progrès religieux de Genève, annonce : « Le livre de M. Denis causera souvent, nous le craignons, quelque impatience à ceux de ses lecteurs qui ont reçu du ciel des besoins de raisonnement rigoureux et de précision dans les faits. Pour peu qu’ils connaissent leur Bible, ils s’apercevront bientôt que l’auteur n’en possède qu’une teinture assez superficielle. Il nous semble en tout cas évident qu’il n’a jamais eu l’Ancien Testament entre les mains. Certains compléments à la biographie de Jésus vous jetteront dans une profonde stupéfaction. Mais d’autre part, il n’est pas possible de refuser son respect et sa sympathie au chercheur sincère, à l’esprit généreux qui a écrit ces pages ».
Côté catholique, il y a des railleries et des anathèmes : « Ce qui nous rassure un peu, écrit Aloys Berthoud, c’est que le Christianisme en a vu bien d’autres. Le Spiritisme, comme la gnose, se caractérise par son inaptitude à saisir le problème religieux dans ses morales et mystiques profondeurs, son ignorance de ce qu’est le péché, sa répugnance pour la religion d’Israël, son incapacité à discerner le lien organique de l’Ancien et du Nouveau Testament, son inintelligence de l’oeuvre accomplie par Jésus-Christ, son exégèse éminemment fantaisiste. »

Écoutons donc un passage :

« Quelle est la véritable doctrine du Christ ? Ses principes essentiels sont clairement énoncés dans l’Evangile. C’est l’universelle paternité de Dieu et la fraternité des hommes, avec les conséquences morales qui en découlent ; c’est la vie immortelle ouverte à tous et permettant à chacun de réaliser en soi le « royaume de Dieu », c’est-à-dire la perfection, par le détachement des biens matériels, le pardon des injures et l’amour du prochain.
Aimer, pour Jésus, c’est en un seul mot toute la religion, c’est toute la philosophie : « Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous persécutent et vous calomnient, afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants et fait pleuvoir sur les justes et les injustes. Car, si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? » (Matthieu, V, 44 et suiv.)
Cet amour, Dieu lui-même nous en donne l’exemple, car toujours ses bras sont ouverts au pécheur : « Ainsi votre Père qui est dans les cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits périsse. »
Le sermon sur la montagne résume en traits ineffaçables l’enseignement populaire de Jésus. La loi morale y est exprimée sous une forme que nul n’a égalée. Les hommes y apprennent que les plus sûrs moyens d’élévation sont les vertus humbles et cachées.
« Heureux les pauvres en esprit (c’est-à-dire les esprits simples et droits), car le royaume des cieux est à eux. – Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. – Heureux ceux qui sont affamés de justice, car ils seront rassasiés. – Heureux ceux qui sont miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. – Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu. » (Matth., V, 1 à 12 ; Luc, VI, 20 à 25.)
Ce que veut Jésus, ce n’est pas un culte fastueux ; ce n’est pas une religion sacerdotale, riche en cérémonies et en pratiques qui étouffent la pensée ; non, c’est un culte simple et pur, tout de sentiment, consistant dans le rapport direct, sans intermédiaire, de la conscience humaine avec Dieu, son père : « Le temps vient où les vrais croyants adoreront le Père en esprit et en vérité, car ce sont là les adorateurs que le Père cherche. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. »
L’ascétisme est chose vaine. Jésus se borne à prier et à méditer dans les lieux solitaires, dans ces temples naturels qui ont pour colonnes les montagnes, pour coupole le dôme des cieux, et d’où la pensée s’élève plus librement vers le Créateur.
Sous la douce et suave parole de Jésus, tout imprégnée du sentiment de la nature, cette doctrine revêt un charme pénétrant, irrésistible. Elle est pleine de tendre sollicitude pour les faibles et les déshérités. C’est la glorification, c’est l’exaltation de la pauvreté, de la simplicité. Les biens matériels nous rendent esclaves ; ils enchaînent l’homme à la terre. La richesse est une entrave ; elle arrête les essors de l’âme ; elle la retient loin du « royaume de Dieu ». Le renoncement, l’humilité, détachent ces liens et facilitent notre ascension vers la lumière. C’est par là que la doctrine évangélique est restée à travers les siècles la plus haute expression du spiritualisme, le suprême remède aux maux terrestres, la consolation des âmes affligées en cette traversée de la vie, semée de tant d’angoisses et de larmes. C’est elle qui fait encore, en dépit des éléments étrangers qui y ont été mêlés, toute la grandeur, toute la puissance morale du christianisme. »

Livres de Léon Denis

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