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Des livres et des anecdotes : Le cavalier de Numiers

Des anecdotes

Le cavalier de Numiers

Le cavalier de Numiers

Son ouvrage

Cette série composée de Dans la tourmente du péché, Le cavalier de Numiers et Drame en Bretagne, a été dictée à rebours. Le dernier de la série a été écrit en premier, puis Le cavalier de Numiers et enfin Dans la tourmente du péché.
L’histoire se déroule au milieu du 17ème siècle et nous retrouvons, sous d’autres noms, les Esprits Charles Philippe, Ruth-Caroline et Louis, dans la Flandre, pour réparer les erreurs du passé.
A chaque chapitre, on souhaite pour eux la compréhension et l’élévation, le progrès et le pardon mais il semble qu’il faille beaucoup apprendre pour être résigné et s’en remettre à Dieu.

Les épreuves

Les épreuves par lesquelles nous devons passer dans une existence terrestre sont définies habituellement quand nous sommes encore dans l’erraticité. C’est là que nous faisons l’évaluation du bilan de notre situation spirituelle et de ce que nous avons réalisé avec certitude ou maladresse dans notre existence précédente. Nous apprenons ce que nous devons corriger, ce que nous devons encore développer, ce que nous pouvons et voulons réaliser, etc. Un bon choix d’épreuves est très important afin que nous puissions les réussir et en tirer le plus de progrès possible pour notre future réincarnation.
Les tribulations que nous subissons dans la vie constituent pour les Esprits incarnés sur Terre, d’inévitables épreuves ainsi que des expiations. En langage spirite, les épreuves sont des situations qui nous servent d’apprentissage et testent nos capacités. La vie corporelle nous impose les épreuves les plus variées que la providence divine nous oblige à subir parce qu’elles sont nécessaires à notre progrès intellectuel et moral.
Sans les épreuves, nous ne pourrions pas atteindre le plein développement de nos potentialités, nous nous connaitrions pas profondément et ne saurions pas réellement ce que nous sommes. Nous ne connaîtrions pas ce que représentent les choses et les êtres qui nous entourent. Nous ne découvririons pas tout qui est possible d’être fait dans le monde et tout ce que nous sommes capables de réaliser. Nous n’aurions pas le mérite d’avoir l’usufruit des bénéfices de la perfection que nous aurions reçus.
Qui a été testé et a réussi à obtenir de l’épreuve tout le progrès possible est capable de vivre et d’agir avec exactitude, par rapport à ce qu’il a déjà appris et développé. Des Esprits évolués ont passé avec succès les épreuves de la vie tout au long des incarnations et, maintenant, se sentent sûrs et confiants avec qui que ce soit.
Dans Le Cavalier de Numiers, Louis n’arrive pas à dépasser sa douleur et se suicide.

Ecoutons un passage

– Vous avez entendu mon père ? demanda le père Arnold.
– Non, Arnold, je n’ai pas entendu. Qu’est-ce que c’était ?
– Un cri de désespoir, la voix de mon garçon…
– Tu te fais des idées, mon pauvre Arnold. Ôte-toi ces idées lugubres de la tête…
– Marie a entendu aussi, mon père, les chiens hurlaient, les brebis geignaient…
– Marie est malade et la fièvre excite ses nerfs et son imagination. Les chiens aboient toujours et les brebis geignent sans cesse…
Pourtant dans le fond, douloureusement, il se dit :
– Oui, c’est l’âme hallucinée de mon pauvre Henri…
Au rez-de-chaussée, seul devant le feu de la cheminée, Thom avait entendu et compris. Il se mit à prier. En effet, Henri Numiers n’était pas mort.
Pensant en finir pour toujours, il s’était jeté du haut de la colline et n’était parvenu qu’à détruire son corps de chair. Dans sa chute, son Esprit avait perdu connaissance en quelque sorte, et tout ce qui était aux alentours avait disparu. La violence de la mort qu’il avait choisie avait traumatisé son corps spirituel en détruisant l’harmonie de ses vibrations à tel point qu’un siècle ne lui suffirait pas pour retrouver le rythme normal nécessaire à une vie satisfaisante.
Après quelques jours, pourtant, Henri s’éveilla peu à peu de son long évanouissement ou plutôt de l’état cauchemardesque dans lequel il avait été précipité lors de sa perte de conscience. Alors, il commença à éprouver la sensation de la chute, les douleurs insupportables de son corps rebondissant sur les pierres, lacéré, anéanti. Il était aveugle, une bande noire et glacée l’entourait, ses pensées étaient chaotiques, il n’arrivait plus à mettre de l’ordre dans ses idées, à comprendre ce qui lui arrivait et pourquoi il roulait, roulait depuis le sommet sans jamais atteindre le sol. Il ne gardait que le souvenir de son désir de mourir pour fuir la torture qu’il vivait sans sa Berthe et c’est pour cela qu’il avait sauté dans l’abîme dans un geste effrayant de folie totale. Une effroyable hallucinante s’empara de son esprit et il se mit à crier, à crier désespérément, pour demander du secours. C’était un de ces cris que les trois villages entendaient depuis cette nuit-là de temps en temps. Parfois, plongé dans ce cauchemar, il se sentait au fond de la vallée tout en dévalant de la colline, et il s’effrayait de la solitude profonde qui l’entourait. Sans qu’il comprenne comment, il voyait le désespoir de ses parents et les larmes de ses amis ; alors il pleurait aussi, désespéré. Bien qu’aveugle pour tout ce qui l’entourait, il pouvait voir sa propre dépouille ensanglantée, mutilée, ensevelie sous un tas de terre et de pierres. Il ne comprenait rien, si ce n’est qu’il était toujours méprisé par la femme qu’il aimait et qu’il subissait toujours les humiliations qui en découlaient. Ces souffrances, ajoutées au martyre de sa chute inimaginable qui ne s’achevait jamais, le conduisirent au plus haut degré de folie qu’une pensée humaine puisse concevoir.
Tout cela se déroulait en lui dans une confusion atroce pour celui qui a le malheur de l’endurer. De temps à autre, pendant de courts instants, totalement abattu, il se perdait dans un chaos douloureux. Quand le malheureux s’efforçait de comprendre ce qui se passait, ses pensées traumatisées refusaient de lui obéir et disparaissaient dans cette obscurité intérieure où il s’égarait. Tout cela n’était que les prémices du réveil, le moment dramatique et solennel où l’Esprit qui abandonne son corps charnel lors du suicide commence à se dissocier des liens magnétiques qui l’attachent à la matière. Cette démarche, lente et douloureuse, qui peut perdurer des mois voire des années, allait lui faire traverser des périodes infernales, indescriptibles pour la compréhension humaine. Il avait l’impression d’être puissamment aimanté à un objet dont il devait se séparer. Cet objet se trouvait au pied du mont qu’il ne cessait de dévaler dans la vallée obscure. C’étaient les restes ensanglantés qu’il voyait, bien qu’aveugle, au fond d’une crevasse, une vision satanique à laquelle il voulait échapper, mais qui s’était fixée à lui avec un pouvoir dominateur, impossible à écarter. Vinrent ensuite les terribles convulsions dans lesquelles il se tordait comme si ses nerfs, totalement traumatisés, avaient été parcourus de chocs électriques dans sa chute. C’était comme s’il succombait à des crises d’épilepsie qui dévastaient son esprit, ses vibrations, toutes les molécules de son être spirituel. C’était la sensation de la chute que son périsprit avait enregistrée, un état déprimant qui le suivrait jusqu’à son incarnation future et que seul l’Évangile, le régénérateur de vibrations, en rééduquant son esprit, parviendrait à équilibrer. Dans cet épouvantable état traumatique, il criait d’horreur et tentait de s’accrocher à n’importe quoi afin d’arrêter sa chute, et le malheureux, malgré tout, dans le cauchemar qui le torturait, sentait qu’il continuait d’être Henri Numiers, qu’il avait dévalé le mont, qu’il était allongé sous un tas de terre, pourrissant, rongé par les vers, une dépouille en lambeaux, noire, sale, misérable, lui qui avait été beau et fort, et qui malgré tout était en vie, souffrant et malheureux, mais vivant, pensant et sentant…
En lambeaux, déchirés par la chute, le visage lacéré et ensanglanté, les jambes cassées, mutilé, l’image parfaite des restes qui avaient été enterrés dans la vallée.
Pendant ce temps, le suicidé ne trouvait de soulagement nulle part. Partout où il tentait de trouver du secours, les terribles sensations que nous avons décrites l’assaillaient. Partout, la sensation de sa chute le rendait fou. Partout, il sentait le poids de son corps qui pourrissait dans la vallée, l’absence de son épouse, l’humiliation de son mépris, le désespoir d’une situation confuse, étrange, atroce. Henri Numiers portait son enfer en lui.
Pour échapper au chagrin qu’il vivait pour la première fois, il s’était tué afin de dormir du sommeil éternel de l’oubli. Pourtant, il ne trouva ni le sommeil ni l’oubli après son suicide. Il ne rencontra que la souffrance des nouvelles angoisses qu’il avait lui-même créées. Voilà ce qu’est le suicide.

Livres d’Yvonne Pereira

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