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Des livres et des anecdotes : Voyage spirite en 1862

Des anecdotes | 0 commentaires

Voyage spirite en 1862

Voyage spirite en 1862

Ecoutons un passage

« Le premier résultat que nous avons constaté, c’est l’immense progrès des croyances Spirites ; un seul fait pourra en donner une idée. Lors de notre premier voyage à Lyon, en 1860, on y comptait tout au plus quelques centaines d’adeptes ; l’année suivante, ils étaient déjà cinq à six mille, et cette année-ci, il est impossible de les compter ; mais on peut, sans exagération, les évaluer de vingt-cinq à trente mille. A Bordeaux, l’année dernière, ils n’étaient pas mille, et dans l’espace d’un an le nombre a décuplé. Ceci est un fait constant que personne ne saurait nier. Un autre fait que nous avons pu constater, et qui est de notoriété, c’est que dans une foule de localités où le Spiritisme était inconnu, il a pénétré, grâce aux prédications contraires qui l’y ont fait connaître et ont inspiré le désir de savoir ce que c’est ; puis, comme on l’a trouvé rationnel, il a conquis des partisans. Nous pourrions citer, entre autres, une petite ville du département d’Indre-et-Loire où, il y a tout au plus six mois, on n’en avait jamais entendu parler, lorsqu’il vint à un prédicateur l’idée de fulminer en chaire contre ce qu’il appelait faussement et maladroitement la religion du dix-neuvième siècle et le culte de Satan. La population, surprise, voulut savoir ce qu’il en était : on fit venir des livres, et aujourd’hui les adeptes y forment un centre ; tant il est vrai que les Esprits avaient raison de nous dire, il y a quelques années, que nos adversaires serviraient eux-mêmes notre cause, sans le vouloir. Il est constant que partout la propagation a été en raison des attaques ; or, pour qu’une idée se propage de cette manière, il faut qu’elle plaise et qu’on la trouve plus rationnelle que ce qu’on lui oppose. Un des résultats de notre voyage a donc été de constater par nos yeux ce que nous savions déjà par notre correspondance.
Il est vrai de dire toutefois que cette marche ascendante est loin d’être uniforme ; s’il est des contrées où l’idée Spirite semble germer à mesure qu’on la sème, il en est d’autres où elle pénètre plus difficilement, par des causes locales, tenant au caractère des habitants et surtout à la nature de leurs occupations ; les Spirites y sont clairsemés, isolés ; mais là, comme ailleurs, ce sont des racines qui tôt ou tard auront des rejetons, ainsi que cela s’est vu dans les centres aujourd’hui les plus nombreux. Partout l’idée Spirite commence dans la classe éclairée et moyenne ; nulle part elle n’a commencé par la classe inférieure et ignorante ; de la classe moyenne elle s’étend vers le haut et le bas de l’échelle sociale, aujourd’hui, plusieurs villes ont des réunions presque exclusivement composées de membres du barreau, de la magistrature et de fonctionnaires ; l’aristocratie fournit aussi son contingent d’adeptes, mais, jusqu’à présent, ils se contentent d’être sympathiques et se réunissent peu, en France du moins ; les réunions de ce genre se voient plutôt en Espagne, en Russie, en Autriche et en Pologne, où le Spiritisme a des représentants éclairés dans les rangs les plus élevés.
Un fait plus important encore peut-être que le nombre est ressorti de nos observations, c’est le point de vue sérieux sous lequel on envisage la doctrine ; partout on en recherche, nous pouvons dire avec avidité, le côté philosophique, moral et instructif ; nulle part nous n’avons vu en faire un sujet d’amusement ni rechercher les expériences comme sujet de distraction ; partout les questions futiles et de curiosité sont écartées. La plupart des groupes sont très bien dirigés ; beaucoup même le sont d’une manière remarquable et avec la connaissance des vrais principes de la science. Tous sont unis d’intention avec la société de Paris et n’ont d’autre drapeau que les principes enseignés par le Livre des Esprits. Il y règne généralement un ordre et un recueillement parfaits ; nous en avons vu à Lyon et à Bordeaux, composés habituellement de cent à deux cents personnes dont la tenue ne serait pas plus édifiante dans une église. C’est à Lyon qu’a eu lieu la réunion générale la plus importante, elle se composait de plus de six cents délégués des différents groupes, et tout s’y est admirablement passé. » Extrait du discours à Lyon
« Toute autre question personnelle à part, j’ai d’abord des adversaires naturels dans les ennemis du Spiritisme. Ne croyez pas que je m’en chagrine : loin de là ; plus leur animosité est grande, plus elle prouve l’importance que prend la doctrine à leurs yeux ; si c’était une chose sans conséquence, une de ces utopies qui ne sont pas nées viables, ils n’y feraient pas attention, ni à moi non plus. Ne voyez-vous pas des écrits, bien autrement hostiles que les miens aux idées reçues, où les expressions ne sont pas plus ménagées que la hardiesse des pensées, et dont cependant ils ne disent pas un mot ? Il en serait de même des doctrines que j’ai cherché à répandre si elles fussent restées dans les feuillets d’un livre. Mais ce qui peut sembler plus étonnant, c’est que j’aie des adversaires, même parmi les partisans du Spiritisme ; or, c’est ici qu’une explication est nécessaire.
Parmi ceux qui adoptent les idées spirites, il y a, comme vous le savez, trois catégories bien distinctes :
1. Ceux qui croient purement et simplement aux phénomènes des manifestations, mais n’en déduisent aucune conséquence morale ;
2. Ceux qui voient le côté moral, mais l’appliquent aux autres et non à eux ;
3. Ceux qui acceptent pour eux-mêmes toutes les conséquences de la doctrine, qui en pratiquent ou s’efforcent d’en pratiquer la morale. Ceux-là, vous le savez aussi, sont les VRAIS SPIRITES, les SPIRITES CHRETIENS. Cette distinction est importante, parce qu’elle explique bien des anomalies apparentes ; sans cela, il serait difficile de se rendre compte de la conduite de certaines personnes. Or, que dit cette morale ? Aimez-vous les uns les autres ; pardonnez à vos ennemis ; rendez le bien pour le mal ; n’ayez ni haine, ni rancune, ni animosité, ni envie, ni jalousie ; soyez sévères pour vous-mêmes et indulgents pour les autres. Tels doivent être les sentiments d’un Vrai Spirite, de celui qui voit le fond avant la forme, qui met l’Esprit au-dessus de la matière ; il peut avoir des ennemis, mais il n’est l’ennemi de personne, parce qu’il n’en veut à personne ; à plus forte raison ne cherche-t-il à faire de mal à personne. Ceci, comme vous le voyez, messieurs, est un principe général dont tout le monde peut faire son profit. Si donc j’ai des ennemis, ce ne peut être parmi les Spirites de cette catégorie, car en admettant qu’ils eussent des sujets légitimes de plainte contre moi, ce que je m’efforce d’éviter, ce ne serait pas un motif de m’en vouloir, à moins forte raison si je ne leur ai point fait de mal. Le Spiritisme a pour devise : Hors la charité point de salut ; il est tout aussi vrai de dire : Hors la charité point de vrais spirites. Je vous engage à inscrire désormais cette double maxime sur votre drapeau, parce qu’elle résume à la fois le but du Spiritisme et le devoir qu’il impose. »

Extrait du discours à Bordeaux :

« Si donc le Spiritisme trouve de si nombreuses sympathies, c’est que son temps est venu, c’est que les esprits étaient mûrs pour le recevoir ; c’est qu’il répond à un besoin, à une aspiration. Vous en avez la preuve dans le nombre, considérable aujourd’hui, des personnes qui l’accueillent sans surprise, comme une chose toute naturelle, lorsqu’on leur en parle pour la première fois, et qui disent qu’il leur semblait que les choses devaient être ainsi, mais sans pouvoir les définir. On sent le vide moral que l’incrédulité, le matérialisme font autour de l’homme ; on comprend que ces doctrines creusent un abîme pour la société ; qu’elles détruisent les liens les plus solides, ceux de la fraternité. Et puis instinctivement, l’homme a horreur du néant, comme la nature a horreur du vide, c’est pourquoi il accueille avec joie la preuve que le néant n’existe pas.
Mais, dira-t-on, ne lui enseigne-t-on pas chaque jour que le néant n’existe pas ? Sans doute on le lui enseigne ; mais alors comment se fait-il que l’incrédulité et l’indifférence aillent sans cesse croissant depuis un siècle ? C’est que les preuves qu’on lui donne ne lui suffisent plus aujourd’hui ; qu’elles ne sont plus en rapport avec les besoins de son intelligence. Le développement scientifique et industriel a rendu l’homme positif ; il veut se rendre compte de tout ; il veut savoir le pourquoi et le comment de chaque chose ; comprendre pour croire est devenu un besoin impérieux, c’est pourquoi la foi aveugle n’a plus d’empire sur lui. Selon les uns c’est un mal, selon les autres c’est un bien ; sans discuter le principe, nous dirons que telle est la marche de la nature ; l’humanité collective, comme les individus, a son enfance et son âge mûr ; quand elle est à l’âge mûr, elle secoue ses langes et veut faire usage de ses propres forces, c’est-à-dire de son intelligence ; la faire rétrograder est aussi impossible que de faire remonter un fleuve vers sa source.
Attaquer le mérite de la foi aveugle, dira-t-on, c’est une impiété, parce que Dieu veut qu’on accepte sa parole sans examen. La foi aveugle pouvait avoir sa raison d’être, je dirai même sa nécessité, à une certaine période de l’humanité ; si, aujourd’hui, elle ne suffit plus pour affermir la croyance, c’est qu’il est dans la nature de l’humanité qu’il en soit ainsi ; or, qui a fait les lois de la nature ? Dieu, ou Satan ? Si c’est Dieu, il ne saurait y avoir impiété à suivre ses lois. Si, aujourd’hui, comprendre pour croire est devenu un besoin pour l’intelligence, comme boire et manger en est un pour l’estomac, c’est que Dieu veut que l’homme fasse usage de son intelligence, autrement il ne la lui aurait pas donnée. Il est des gens qui n’éprouvent pas ce besoin ; qui se contentent de croire sans examen ; nous ne les blâmons nullement, et loin de nous la pensée de les troubler dans leur quiétude ; le Spiritisme ne s’adresse point à eux ; du moment qu’ils ont ce qu’il leur faut, il n’a rien à leur donner ; il ne donne point à manger de force à ceux qui déclarent n’avoir pas faim. Il ne s’adresse donc qu’à ceux à qui la nourriture intellectuelle qu’on leur donne ne suffit plus, et le nombre en est assez grand pour qu’il n’ait pas à s’occuper des autres ; de quoi donc ceux-ci ont-ils à se plaindre, puisqu’il ne va pas les chercher ? Il ne va chercher personne ; il ne s’impose à personne ; il se borne à dire : Me voilà, voilà ce que je suis ; voilà ce que j’apporte ; que ceux qui croient avoir besoin de moi viennent ; que les autres restent chez eux ; je ne vais pas les troubler dans leur conscience ; je ne leur dis point d’injures ; je ne leur demande que la réciprocité. »

Livres d’Allan Kardec

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