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Livre Instruction pratique sur les manifestations spirites de Allan KardecLivre : Instruction pratique sur les manifestations spirites
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Le purgatoire

La parole du jour

 Livre Après la mort de Léon Denis

Après la mort de Léon Denis

C’est dans cette situation intermédiaire que devrait se retrouver la majorité des morts alors ?

Forcément ! C’est certainement ce qui explique qu’il y aurait six niveaux différents dans le Purgatoire. Les moins purifiés sont en bas, plus près de l’Enfer et les plus purs sont en haut, plus proches du Paradis. Ces différents plans nous ramènent aux écrits de Léon Denis dans Le Problème de l’Être et de la Destinée : « La situation de l’esprit après la mort est la conséquence directe de ses penchants, soit vers la matière, soit vers les biens de l’intelligence et du sentiment. Si les penchants sensuels dominent, forcément l’être s’immobilise sur les plans inférieurs, qui sont les plus denses, les plus grossiers. S’il est alimenté de pensées belles et pures, il s’élève vers des sphères en rapport avec la nature même de ses pensées. »

Comme nous l’avons vu pour le Paradis et l’Enfer, je suppose que le mot Purgatoire ne figure pas non plus dans la Bible ?

En effet, la Bible ne contient pas ce mot et elle n’enseigne pas non plus que l’âme des morts est purifiée dans un Purgatoire.

D’où vient ce dogme alors ?

On sait que les Grecs de l’antiquité pensaient que les morts pouvaient être lavés de leurs péchés grâce à un feu purificateur. Puis, c’est le pape Grégoire le Grand qui, dans les années 600, a élevé le feu du purgatoire au rang de croyance incontestée. C’est pour ça qu’on dit communément qu’il est l’inventeur du purgatoire. Mais le dogme officiel du Purgatoire n’a été défini par l’Église catholique que lors des conciles de Lyon en 1274 et de Florence en 1439.

Pourquoi l’Église a-t-elle eu besoin de recourir à un troisième lieu dans l’au-delà ?

C’est seulement au début du XIème siècle, qu’Odilon, abbé de Cluny, instaure la commémoration du jour des défunts. Il fixe la date au 2 novembre, au lendemain de la Toussaint. On dispose donc, à présent, d’une journée consacrée à prier pour nos morts mais, quelle est l’utilité de prier s’il est établi, d’une part, que seuls les saints vont au Ciel et que l’unique autre perspective serait l’Enfer et que, d’autre part, tout se décide pour l’éternité au moment du dernier souffle ?
L’historien Jacques Le Goff, dans son excellent ouvrage La naissance du Purgatoire, sorti en 1981, a parfaitement reconstitué les étapes qui ont amené l’Église catholique à instaurer le dogme du Purgatoire. Il rappelle ce qui attend le mort jusqu’au XIème siècle avec le Jugement dernier : « Ce jugement futur, dernier, général, ne comporte que deux possibilités : la vie ou la mort, la lumière ou le feu éternel ». Puis il décrit la naissance de cette nouvelle perspective, qui va concerner les nombreux défunts qui n’ont été ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants. Il poursuit :
« Le purgatoire est, si l’on peut dire, une salle d’attente destinée aux pécheurs moyens et ordinaires (médiocres, en latin), qui ne peuvent se rendre directement au paradis, mais qui ne méritent pas l’enfer pour autant. Presque tout chrétien pouvait donc penser qu’il passerait par ce purgatoire pour être nettoyé de ses fautes. C’était réconfortant. Chacun supposait qu’il pouvait échapper à l’enfer. »

C’est un grand changement pour les mentalités de l’époque. Comment l’Église a-t-elle réussi à faire passer ce nouveau dogme ?

Pour bien le comprendre, il faut se resituer dans ce contexte du Moyen Âge, époque où l’on commence à sortir de la dualité riches et pauvres, clercs et laïcs. Une catégorie médiane, la classe moyenne ou tiers ordre, apparaît dans la société. L’Église crée donc elle aussi, en quelque sorte, sa classe médiane avec le Purgatoire.
D’autre part, il ne faut pas oublier qu’à cette époque, au XIIème siècle, on meurt plus jeune, plus vite, de manière plus imprévisible, plus massive, plus mystérieuse. Ce n’est donc pas la mort qui fait peur, car elle fait réellement partie du quotidien, mais bien la vie après la mort, autrement dit le salut de l’âme qui, au moment du dernier souffle, devait se trouve scellé pour l’éternité.

Donc entre le Ciel et l’Enfer, pour l’éternité, on a introduit le Purgatoire pour un temps donné. Mais comment en sort-on justement ?

C’est là toute la finesse de cette invention ! Les fidèles ont désormais la possibilité d’éviter, pour eux-mêmes ou pour leurs proches défunts, des passages en Enfer ou au Purgatoire en payant des messes ou en faisant des dons à l’Église. Ces indulgences permettaient même d’échapper à certains interdits. Ainsi, on raconte que la Tour de Beurre de la cathédrale de Rouen doit son surnom à la vente des dérogations accordées pour consommer des matières grasses pendant le carême.
Les morts « aux vertus moyennes » vont pouvoir aller dans un lieu temporaire pour une durée qui dépendrait non plus de leur seule vie passée mais aussi, pour ne pas dire surtout, de la « bonne volonté » de la famille. Comme le dit Le Goff avec humour : « Les âmes du Purgatoire peuvent en effet bénéficier d’une remise de peine, d’une libération anticipée, non pour leur bonne conduite personnelle, mais à cause d’interventions extérieures, les suffrages. »
En fait, il n’est plus utile de payer les dettes de peine au Purgatoire puisqu’on peut s’en dispenser contre monnaie sonnante ici-bas.

Du coup, cela a dû donner un pouvoir supplémentaire à l’Église, non ?

Tout à fait ! Jacques Le Goff explique cette montée de pouvoir : « L’apparition du purgatoire accroissait le pouvoir de l’Église, dont l’aide était nécessaire pour diminuer la longueur des séjours dans un lieu aussi pénible que l’enfer – à cette nuance près qu’il n’était pas éternel mais à durée variable. Avant la construction du purgatoire, historiquement, l’homme vivant dépendait sur terre du droit de juridiction de l’Église, le for ecclésiastique. L’homme mort, pour sa part, relevait uniquement du for divin. Mais avec le purgatoire, les âmes (humaines, dotées d’une espèce de corps) dépendent désormais du for conjoint de Dieu et de l’Église. L’Église fait déborder son pouvoir, son dominium, au-delà de la mort. »

Mais personne n’a cherché à contrer ce nouveau système qui se mettait en place ?

Si bien sûr ! Il y a eu, par moment, de véritables campagnes de vente d’indulgences pour financer divers projets. Ainsi en 1506, le pape proposait des indulgences pour ceux qui aideraient à la construction de la nouvelle basilique Saint Pierre de Rome. C’est précisément ce qui a amené Luther à protester et à créer la religion réformée qui rejette l’idée du Purgatoire. D’ailleurs le Purgatoire n’est pas non plus reconnu par les Églises orthodoxes.

Finalement, le Purgatoire ce ne serait donc qu’une invention pour que l’Église catholique récupère pouvoir et argent ?

Pas seulement ! Ce qui est important, c’est qu’à partir de ce moment, les vivants ont pris conscience qu’ils pouvaient agir pour les morts, que leur amour pouvait sauver leurs proches défunts, et qu’ils avaient non seulement le pouvoir mais bien le devoir de prier pour eux. C’est une véritable révolution dans les mentalités, mais elle n’aurait pas pu se faire si l’on n’avait pas introduit l’espoir avec le Purgatoire.

C’est vrai que, vu sous cet angle, le Purgatoire est d’une grande utilité. Comment est-il perçu par les spirites ?

Tournons-nous d’abord vers Léon Denis qui synthétise parfaitement nos propos dans cet extrait tiré de Christianisme et Spiritisme :
« La notion du purgatoire, moyen terme adopté par l’Église, est issue des mêmes préoccupations. Celle-ci a reculé devant l’énormité des peines éternelles, appliquées à certaines fautes légères. La question du purgatoire est de la plus haute importance, car elle peut constituer un lien, un trait d’union entre les doctrines catholiques et celles du spiritualisme moderne. Dans la pensée de l’Église romaine, le purgatoire est un lieu non défini, indéterminé. Rien n’empêche le catholique de concevoir les peines purificatrices de l’âme sous la forme de vies planétaires ultérieures, tandis que le protestant orthodoxe, pour adopter la notion des vies successives, est obligé de faire table rase de ses croyances, où le purgatoire n’a aucune place.
Dans la plupart des cas, le purgatoire, c’est la vie terrestre et les épreuves qu’elle comporte. Cela, les premiers chrétiens ne l’ignoraient pas. L’Église du Moyen Âge a écarté cette explication, qui eût entraîné l’affirmation de la pluralité des existences de l’âme et la ruine de l’institution des indulgences, source de grands profits pour les pontifes romains. On sait quels abus en sont sortis. »

Donc, pour Léon Denis, le Purgatoire se vit à travers nos épreuves sur Terre. Allan Kardec dit la même chose ?

Évidemment ! Aucune ambiguïté dans la réponse donnée à la question 1013 du Livre des Esprits :
Que doit-on entendre par le purgatoire ?
« Douleurs physiques et morales : c’est le temps de l’expiation. C’est presque toujours sur terre que vous faites votre purgatoire et que Dieu vous fait expier vos fautes. »
Ce que l’homme appelle purgatoire est de même une figure par laquelle on doit entendre, non pas un lieu déterminé quelconque, mais l’état des Esprits imparfaits qui sont en expiation jusqu’à la purification complète qui doit les élever au rang des Esprits bienheureux. Cette purification s’opérant dans les diverses incarnations, le purgatoire consiste dans les épreuves de la vie corporelle.

Mais où va alors l’Esprit de celui qui n’a été ni vraiment bon, ni vraiment mauvais ?

Dans Le Ciel et l’Enfer, Allan Kardec écrit : « Dans l’intervalle des existences corporelles, l’Esprit rentre pour un temps plus ou moins long dans le monde spirituel, où il est heureux ou malheureux, selon le bien ou le mal qu’il a fait. »
Pour Léon Denis, c’est dans l’erraticité que l’on retrouve la plupart de ces Esprits ni bons, ni méchants, comme il l’écrit dans Après la mort : « Tandis que les âmes délivrées des influences terrestres se constituent en groupes sympathiques, dont tous les membres s’aiment, se comprennent, vivent dans une égalité parfaite et une profonde félicité, les Esprits qui n’ont pu vaincre leurs passions mènent une vie errante, vagabonde, qui, sans être une cause de souffrances, les laisse incertains, inquiets. C’est là ce qu’on nomme l’erraticité, et cette condition est celle de la plupart des esprits qui ont vécu sur terre, Esprits ni bons, ni méchants, mais faibles et enclins aux choses matérielles.
On rencontre dans l’erraticité des foules immenses, toujours à la recherche d’un état meilleur, qui les fuit. Des esprits innombrables y flottent, indécis entre le juste et l’injuste, la vérité et l’erreur, l’ombre et la lumière. D’autres sont plongés dans l’isolement, l’obscurité, la tristesse, ou vont quêtant çà et là un peu de bienveillance ou de sympathie.
L’ignorance, l’égoïsme, les défauts de toutes sortes règnent encore dans l’erraticité, et la matière y exerce toujours son influence. Le bien et le mal s’y coudoient. C’est en quelque sorte le vestibule des espaces lumineux, des mondes meilleurs. Tous y passent, tous y séjournent, mais pour s’élever plus haut. »

Donc même sans Ciel, Enfer ou Purgatoire, on ne peut pas échapper à sa conscience ?

C’est exactement ça ! Dans son livre Après la Mort, Léon Denis nous aide à le comprendre :
« C’est aussi en lui-même, dans sa propre conscience, que l’esprit trouve sa récompense ou son châtiment. Il est son propre juge. Le vêtement de chair étant tombé, la lumière le pénètre, son âme apparaît nue, laissant voir en elle le vivant tableau de ses actes, de ses volontés, de ses désirs. Instant solennel, examen plein d’angoisse et souvent de désillusion. Les souvenirs s’éveillent en foule, et la vie tout entière se déploie, avec son cortège de fautes, de faiblesses, de misères. De l’enfance à la mort, tout, pensées, paroles, actions, tout sort de l’ombre, reparaît au jour, s’anime et revit. L’être se contemple lui-même, revoit une à une, à travers les temps, ses existences évanouies, ses chutes, ses ascensions, ses stations innombrables. Il compte les étapes franchies, mesure le chemin parcouru, compare le bien et le mal réalisés. (…)
L’Esprit désincarné porte donc en lui, visible pour tous, son ciel ou son enfer. La preuve irrécusable de son élévation ou de son abaissement est écrite sur son corps fluidique. Témoins bienveillants ou terribles, nos œuvres, nos desseins, nous justifient ou nous accusent, sans que rien ne puisse faire taire leurs voix. De là le supplice du méchant, qui croyait ses mauvais désirs, ses actes coupables, profondément cachés et qui les voit paraître aux yeux de tous ; de là, ses remords quand repassent devant lui les années oisives et stériles, les heures données à la débauche ou au crime, ainsi que les victimes en pleurs, sacrifiées à ses instincts brutaux. De là encore, le bonheur de l’esprit élevé qui a su vaincre ses passions et consacrer sa vie à aider et consoler ses frères.
Pour se distraire de ses soucis, de ses préoccupations morales, l’homme a le travail, l’étude, le sommeil. L’Esprit n’a plus ces ressources. Dégagé des liens corporels, il se trouve sans cesse en face du tableau fidèle et vivant de son passé. Aussi les amers et continuels regrets qui en découlent, dans la plupart des cas, éveillent bientôt en lui le désir de reprendre un corps charnel, pour combattre, souffrir et racheter ce passé accusateur. »

Il en va donc de la responsabilité de chacun. C’est là la vraie justice non ?

C’est en effet ce qu’on appelle la loi de justice. Toujours dans Après la Mort, Léon Denis développe cette notion :
« La loi de justice n’est donc que le fonctionnement de l’ordre moral universel, et les peines, les châtiments représentent la réaction de la nature outragée et violentée dans ses principes éternels. Les forces de l’univers sont solidaires, se répercutent et vibrent à l’unisson. Toute puissance morale réagit sur celui qui la viole, proportionnellement à son mode d’action. Dieu ne frappe personne. Il laisse au temps le soin de faire découler les effets de leur cause.
L’homme est donc son propre justicier, car, suivant l’usage et l’abus qu’il fait de sa liberté, il se rend heureux ou malheureux. Le résultat de ses actes se fait parfois attendre. Nous voyons en ce monde des coupables bâillonner leur conscience, se rire des lois, vivre et mourir honorés. Par contre, que d’honnêtes gens poursuivis par l’adversité et la calomnie ! De là, la nécessité des vies à venir, au cours desquelles le principe de justice trouve son application, et l’état moral de l’être, son équilibre. Sans ce complément nécessaire, l’existence actuelle n’aurait pas de sens, et presque tous nos actes seraient dépourvus de sanction.
En réalité, l’ignorance est le mal souverain, d’où découlent tous les autres maux. Si l’homme voyait distinctement la conséquence de ses agissements, sa conduite serait différente. Connaissant la loi morale et son application inéluctable, il ne chercherait pas plus à la violer qu’à résister aux lois de la pesanteur ou de la gravitation. »

Livres de Léon Denis

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